Crise du Boeuf américain en Corée

Publié le par Daegann

    Depuis début Avril, la Corée est en proie à une grave crise politique dont l'origine concerne la reprise des importations de Boeuf américain. Désormais, chaque soir est marqué par des veillées aux chandelles regroupant plusieurs dizaines de milliers de personne. Même des coréens vivant en France ou en Allemagne se sont mobilisé pour manifester contre le gouvernement. Comment ce problème a-t-il pu prendre une telle ampleur ? Il s'agit tout d'abord des pressions américaines associé aux craintes sanitaires et désormais au mécontentement de la population vis à vis du gouvernement.


Les pressions et l'enjeu : L'accord de libre échange

    L'an dernier, la Corée du Sud et les USA terminaient leurs négociations en vu de signer un accord de libre échange. Ces négociations ont du être bouclé rapidement pour bénéficier d'un statut particulier aux USA (le fast track) limitant les discussions avec le sénat américain. Ce traité, contient donc des point de détails qui ont fait l'objet de vaste compromis discuter à la va-vite. Si bien qu'aujourd'hui, ni la Corée ni les USA n'ont encore pus ratifier ce traité. Malgré cela les deux gouvernements aimeraient que ce soit fait et pour cela les USA ont mis la pression sur la Corée pour faire quelques gestes permettant de remettre sur les rails cet accord. En l'occurrence, il s'agit ici pour la Corée d'accepter à nouveau l'importation du Boeuf américain pour débloquer la situation.


Le spectre de la vache folle

    En Corée, on a peur des maladies comme la vache folle. Il faut savoir que les personnes ayant vécue plus de deux ou trois mois en France avant 2000, ne peuvent pas faire de dont du sang. Le délai tombe à une semaine pour les personnes restées en angleterre. Je ne garantis pas les chiffres et les années mais ce n'est pas très loin, ceci étant pour vous donner une idée de la méfiance des Coréens vis-à-vis de cette maladie.

    Bref, En 2003, à la suite de la découverte d’un cas d’ESB aux Etats-Unis, Séoul interdisait la viande de bœuf américaine, tout comme le faisait Tokyo. Le Japon et la Corée du Sud étaient alors les 2ème et 3ème plus gros importateurs de bœuf américain. Sous la pression américaine, Séoul avait par la suite autorisé au compte-goutte le retour de la viande américaine. Ce retour devait se faire dans des conditions très strictes : aucune viande avec os, et uniquement de bêtes ayant moins de 20 mois, car on considère que ces animaux sont moins enclins à véhiculer la maladie. Et chaque fois la Corée a découvert quelques carcasses non désossé parmi les livraisons. Chaque fois les sociétés américaines ont prétendu à une simple erreur de destination. Chaque fois les importations ont été suspendues avant de reprendre peu à peu...

    Et puis début Avril, soucieux de faire plaisir aux USA, le gouvernement de Lee Myung-bak a annoncé la reprise complète des importations de boeuf sans condition d'age ou de désossement. Une chose qui a beaucoup irrité les coréens car la viande importée serait une viande que même les américains ne mangent pas. Une viande qui n'a aucune obligation de passer de contrôle sanitaire. En effet après avoir ignoré les manifestations puis tenté vainement de rassurer la population, le porte-parole de la présidence a reconnu qu'il y a eu une erreur de traduction : Séoul a cru que les autorités américaines avaient durci la réglementation sur les carcasses et qu’elle interdisait la consommation de carcasses non inspectées. En réalité, les autorités américaines ont récemment assoupli la réglementation sur les carcasses de bœuf, en statuant que même les carcasses qui n’avaient pas été inspectées étaient propres à la consommation humaine, même si l’animal est âgé de plus de 30 mois et que la cervelle et la colonne vertébrale n’ont pas été retirées.


Une crise politique

    Aujourd'hui, la situation c'est transformé en une grave crise politique. Même si l'enjeu n'était pas trop important, le GPN, le partie présidentiel, a subit une cuisante défaite aux récentes élections partielles tandis que la popularité du président est tombé sous les 20 points. La raison principale est la très mauvaise gestion de la crise. Ignorant purement et simplement les premières manifestations avant de commencer à vouloir expliquer sa décision avec des arguments qui n'ont pas convaincu. Devant le nombre croissant de manifestants, le gouvernement a commencé à reconnaître ses erreurs tout en se disant incapable de renégocier avec les USA la reprise des importations.

    Il aura fallut attendre le début du mois de juin pour voir le gouvernement commencé à reculer : Le décret officialisant les conditions négociées avec Washington devait être publié mardi dernier mais lundi, le gouvernement à annoncé repousser sa publication. Samedi, les sept secrétaires en chef de Lee Myung-bak ont déposé leur démission et mardi le premier ministre et son gouvernement a fait de même. De son coté Lee Myung-bak c'est engagé a écouter d'avantage la population. Et pourtant, ce week-end encore, Lee Myung-bak a déclaré que si Séoul demandait officiellement à Washington de renégocier l’accord, cela provoquerait d’énormes problèmes...

    Finalement, après 100 jours de présidence, le bilan de Lee Myung-bak n'est pas des plus brillant... Entre sa volonté d'imposer un projet impopulaire de canal traversant le pays, la démission de plusieurs ministres soupçonné de détournement avant même d'avoir été nommé et maintenant cette crise provoqué par de mauvaises décisions et amplifié par un autisme politique, le président risque d'avoir fort à faire pour remonter la pente...

 

Publié dans [Corée] Géopolitique

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